CAHIERS ARCHÉOLOGIQUES DE PICARDIE 1960- N° 7
LE CIMETIERE DE LA TENE IA - IB DE "LA MUETTE" A DRAVEGNY (AISNE)
J.L Massy et Ph. Thirion (1)
Localisée sur le territoire de la commune de Dravegny dans l'Aisne, à quelques centaines de mètres de la limite départementale de la Marne, la nécropole gauloise du lieu-dit "La Muette" a été décelée en 1973 par M. Philippe Thirion qui effectuait des prospections géologiques sur un gisement du tertiaire (fig. 1). Jusqu'alors, on n'avait jamais signalé à cet endroit de découvertes d'objets pouvant laisser supposer l'existence d'un gisement archéologique.
C'est à la suite de labours profonds en 1973 et 1974 que de nombreux torques, bracelets et poteries furent mis au jour, indiquant que plusieurs sépultures venaient d'être touchées par les socs de charrue : un sauvetage urgent était nécessaire d'autant plus qu'un pillage systématique sur ce point isolé pouvait être entrepris par les prospecteurs habitués à passer au peigne fin ce site géologique réputé pour livrer des fossiles.
I- Les fouilles
A) Le site
La nécropole est localisée sur le versant nord, nord-est d'une butte témoin de faible étendue, culminant à 183,3 m. Autrefois, l'ensemble du site était couvert de bois de sapins. Après 1945 un déboisement fut entrepris avec désouchages profonds, mais ce n'est que depuis les années 1960 que la mise en culture a été effective sur la partie du site nous intéressant ici (2).
Le sol dans lequel furent creusées les tombes est formé d'un sable marneux, compact, de granulométrie moyenne, de couleur jaune-roux, contenant des lentilles fossilifères très riches formant un véritable falun. La faune recueillie en place (Chama turgidula, Venericardia planicosta, Ampullina grossa, Melongena minax, Vo/uta labrella, Cerithium bouei, etc.), est très caractéristique et permet la datation géologique du site : il s'agit d'un terrain bartonien inférieur, de faciès marin, formé au cours de l'ère tertiaire.
Les sondages effectués ont mis en évidence que la couche de terre arable épaisse d'une trentaine de centimètres reposait directement sur la couche bartonienne. Aucune trace du paleosol contemporain du site archéologique n'a pu être observée. Il a été détruit par la mise en culture du sol et devait être fort mince puisque les fosses sont creusées dans la couche bartonienne elle- même entamée par les labours.
B) Les campagnes de fouilles 1975 et 1977
Les fouilles de sauvetage menées par la Direction des Antiquités Historiques de Picardie ont été effectuées en deux campagnes distinctes, en 1975 et 1977. La première campagne de 1975 devait permettre de reconnaître la nécropole en localisant un noyau de sépultures tandis que la seconde campagne devait tenter de définir son étendue et l'état de conservation du site (fig. 2). La technique de fouille consistait à effectuer des décapages de très grande superficie en utilisant pour les quarante centimètres de terre arable les gros outils : pelles et pioches. Un nettoyage fin aux petits outils de la base de la couche de terre . labourée suffisait pour mettre en évidence les sépultures qui se dessinaient en tâches légèrement plus sombres sur le sol vierge. Sur les surfaces ainsi dégagées un quadrillage régulier de carrés de 5 x 5 m était matérialisé au sol pour permettre un relevé précis de la nécropole. En 1975 une centaine de m2 furent ainsi fouillés qui livrèrent six sépultures (tombes 1 à 6). En 1977, la campagne fut plus importante soit 700 m2 mais pour six sépultures également (tombes 7 à 12).
FIG.1
(1) Les auteurs tiennent particulièrement à exprimer leurs remerciements à Monsieur A. Duval, Conservateur au Musée des Antiquités Nationales, pour les indications de référence et les observations qu'il a bien voulu leur communiquer sur le mobilier archéologique mis au jour.
(2) Nous remercions très vivement Messieurs Lecoq et Mahieu, propriétaire à Dravegny qui nous ont autorisés à opérer sur leurs terrains, des campagnes de fouilles et ont également aidé matériellement les fouilleurs.
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